Ces dix dernières années, nous avons vu se développer des OGM de première génération, où la productivité et le rendement étaient ciblés, et depuis peu, la seconde génération, où l'on s'est intéressé à la qualité intrinsèque du produit (conservation, saveur, texture…) dans un soucis de respect de l'environnement.

Pour terminer, nous aborderons les enjeux économiques, en terme de balance commerciale et de croissance.

Les Enjeux Agricoles

Protection des cultures

La transformation génétique des plantes vise à améliorer les conditions de cultures en développant des mécanismes de tolérances ou de résistances ayant pour effet d’augmenter les rendements.

1. Tolérance des plantes aux herbicides

L’insertion d’un gène de tolérance à un herbicide dans une plante d’intérêt permet, via la résistance induite, une sélectivité du traitement vis à vis des plantes indésirables. Ce gène assure donc une protection de la plante contre le principe actif de l’herbicide par une modification de la cible, une voie de biosynthèse alternative ou un changement de perméabilité membranaire. De nombreuses espèces végétales, comme le colza, la betterave, le soja, le blé et le tournesol ont déjà bénéficié de cette technique.

2. Résistance aux conditions climatiques extrêmes

Une grande partie de la surface de la planète est impropre à l’agriculture du fait de conditions défavorables (froid, sécheresse, salinité...). Les biotechnologies pourront apporter une réponse aux pays en voie de développement en créant de nouvelles espèces adaptées à ces conditions.

3. Résistance aux insectes

Les pertes occasionnées par les insectes représentent une part non négligeable des récoltes. Les insecticides employés jusqu'à maintenant présentent des inconvénients : atteintes à l’environnement et apparition de formes résistantes d’insectes ayant pour conséquence l’emploi de doses croissantes de ces produits.

Par ailleurs, la lutte biologique nécessite un suivi poussé des cultures et une recherche approfondie ne permettant pas d’apporter une solution économiquement viable face aux dégâts causés par les ravageurs. La synthèse de protéines toxiques pour ces insectes par modification génétique de la plante constitue donc une voie majeure de progrès.

4. Résistance aux maladies

Sur le même principe, les biotechnologies s’orientent vers la lutte contre les virus, bactéries phytopathogènes, mycoplasmes et champignons. Des résultats ont déjà été obtenus sur des plantes comme la pomme de terre, la tomate ou la betterave.

Amélioration des conditions d'élevage

1. La lutte contre les maladies animales

La modification par génie génétique des aliments destinés à l’élevage peut être un moyen de lutter contre les maladies animales. Cette alimentation pourrait produire directement des anticorps ou des vaccins " recombinants ".

La lutte contre ces maladies pourrait même se faire au niveau de l’animal, par la modification transgénique des lignées, afin d’accroître leur résistance.

2. L’amélioration de la nutrition animale

L’utilisation du génie génétique pourrait permettre d’améliorer la qualité nutritionnelle des plantes utilisées en alimentation animale, en augmentant la teneur en certains acides aminés (méthionine, lysine, thréonine, tryptophane). Ces éléments, synthétisés en trop faible quantité par ces plantes, sont actuellement amenés sous forme de compléments nutritifs.

L’accumulation de certaines enzymes (phytase en particulier) pourrait permettre d’améliorer la digestibilité des aliments.

Application aux Industries Agro-Alimentaire

1. L’amélioration de la qualité des aliments

L’introduction de nouveaux gènes peut conduire à améliorer la qualité d’un aliment : meilleure texture, meilleure conservation, amélioration des qualités organoleptiques... Cet enjeu se répercute principalement sur le consommateur. Diverses applications peuvent être abordées :

  • modification de la teneur en nutriments : le génie génétique permet par exemple de modifier la composition des huiles en acide gras en vue de diminuer le risque d’accident cardio-vasculaire,
  • réduction des allergènes : dans le cas du riz, il est possible d’inhiber l’expression de la protéine responsable des allergies alimentaires,
  • meilleure conservation des produits : les recherches concernant la conservation des aliments en sont actuellement au stade le plus avancé dans le domaine des OGM. Des légumes transgéniques, à maturation retardée, ont déjà été commercialisés dans les pays anglo-saxons. Citons par exemple la célèbre tomate " Flavr-Savr " de la société Calgene, qui conserve une texture ferme pendant une durée plus longue que celle des tomates conventionnelles. Ce contrôle de maturation des produits permet ainsi d’améliorer les conditions de transport et de stockage, mais également d’accroître la saveur du produit.
  • amélioration des qualités organoleptiques : dans le cas des fruits par exemple, la maturation se fait grâce à un ensemble de modifications physiologiques, biochimiques et structurelles. Certains gènes impliquent donc un changement de couleur, une augmentation de teneur en sucre, une diminution de l’acidité, la synthèse d’arômes... Tous ces gènes constituent donc des voies potentielles d’amélioration. Quelques exemples :
    • le blé : amélioration des caractéristiques requises pour la panification,
    • la pomme de terre : augmentation de la teneur en amidon pour des utilisations industrielles (purée, fécule et frites absorbant moins d’huile), réduction du brunissement,
    • les épinards : diminution de la teneur en nitrates en augmentant l’expression de la nitrate-reductase.

2. Intervention dans le processus de transformation alimentaire

Les OGM peuvent intervenir directement ou indirectement dans le processus de transformation alimentaire :

  • Intervention directe des OGM dans la fabrication des aliments. Deux cas se présentent :
    • soit les organismes modifiés se retrouvent dans le produit fini (c’est le cas des produits laitiers où les bactéries améliorant la régularité de la production restent présentes dans l’aliment).
    • soit ces organismes sont éliminés par la chaleur ou par filtration (on peut citer les levures qui réduisent le temps de fermentation de la pâte à pain ou éliminent les saveurs indésirables en produisant des bières plus légères). L’application du génie génétique dans ces domaines en est pour l’instant à la recherche expérimentale.
  • Dans le cas des substances alimentaires fabriquées à partir des micro-organismes génétiquement modifiées, des enzymes interviennent dans de nombreux procédés de fabrication (produits laitiers, brasserie, vins). Par exemple, l’a-amylase, produite par Bacillus subtilis (génétiquement modifié) peut être utilisé en France pour la fabrication de la bière, du sirop de chocolat, du sirop de maltose ou dans la panification comme anti-rassissant. Un autre exemple est celui de la chymosine, utilisée dans l’industrie fromagère, qui peut être produite par des OGM tout en conservant ses propriétés coagulantes et pour un moindre coût.




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Dernière mise à jour le 06 mars 1999 19:35:17