Les risques pour le consommateur

L’évaluation des risques de consommation d’OGM chez l’Homme reste théorique dans la mesure ou il n’existe aucun recul du fait du caractère récent de cette consommation.

De nombreuses recherches tentent cependant de recenser les risques potentiels dans la limite d’un laboratoire. Cette recherche limitée et sans aucun recul ne peut suffire à rassurer le consommateur européen touché récemment par l’apparition de la maladie de Kreutzfeld Jacob qui serait en relation avec l’encéphalopathie bovine spongiforme (maladie de la vache folle). La consommation d’OGM revêt un caractère dangereux pour 63 % des personnes questionnées à ce sujet (sondage AC Nielsen, Courrier International n°381 du 19-20 février 1998). Dans ce contexte de peur ou les scientifiques sont affublés du nom d’apprenti sorcier, il est primordial que les recherches s’accélèrent afin d’évaluer les risques. La communauté scientifique tente de minimiser les effets que pourraient avoir les OGM sur la santé humaine dans la mesure ou chacun est conscient que le risque 0 n’existe pas.

La liste de ces risques n’est donc pas exhaustive car la consommation d’aliments issus directement ou indirectement du génie génétique est susceptible d’entraîner, comme toutes modifications alimentaires, des risques nouveaux inconnus pour la santé humaine.

Le risque potentiel toxicologique

L’ajout d’un nouveau gène dans un organisme vivant peut provoquer l’expression d’un ou de plusieurs gènes inactifs à l’état normal. Cette expression induite par le transgène peut entraîner la production de toxines, ou augmenter la production de toxine produite à l’état de traces naturellement. Or nous savons que certaines toxines existent à l’état naturel et sont produites en quantité non toxique c’est le cas de la solanine de la pomme de terre, de la tomatine de la tomate ou de l’acide érucique du colza. Ce risque même minime peut survenir et nul n’est capable d’en connaître les effets.

Le risque allergène

Ces risques d’allergies alimentaires existent déjà en dehors des OGM, on a pu le constater récemment dans la consommation de litchi : ce fruit anodin est responsable de nombreuses allergies. Dès qu’une protéine est ingérée elle est susceptible d’être allergène dans ces conditions il est difficile de mesurer et de prévoir la capacité allergène d’une molécule. Des études ont été réalisées dans le but d’examiner la résistance des protéines dans le milieu gastrique. Il ressort de cette étude que la protéine est dégradée en quelques secondes : 15 pour la protéine introduite dans le soja transgénique "round up ready". Cette dégradation au niveau gastrique est un gage de non risque d’allergénicité.

1. Les précautions à prendre

Quelques précautions sont à prendre au niveau du transgène notamment pour limiter le risque. En effet si le transgène code pour un allergène connu il est tout à fait probable que la plante transgénique va exprimer la protéine exogène avec son potentiel allergénique. Ce fut le cas lorsque la société américaine Pioneer Hi Berd a voulu intégrer dans le soja l’albumine 2S de la noix du Brésil. Cette protéine est un allergène reconnu par les personnes sensibles à la noix du Brésil et en étant exprimé par le soja il en garde ses propriétés allergisantes. Ce soja transgénique n’a jamais été commercialisé. Les laboratoires étudient ces risques d’allergies et évitent d’utiliser des gènes provenant d’organismes connus pour leur allergénicité.

2. Les méthodes d’évaluation de l’allergénicité :

  • L’expérimentation animale ne permet pas encore à ce jour de fournir des modèles extrapolables à l’homme. Des modèles de souris humanisés mimant la réponse des anticorps chez l’homme sont en cours de recherche et permettront peut-être d’obtenir des résultats probants.
  • L’analyse de la fonction de la protéine ne permet pas non plus d’émettre un avis sur les propriétés allergisantes d’une molécule.
  • Certaines caractéristiques structurales notamment au niveau de la séquence peptidique peuvent être spécifique du caractère allergisant. Des comparaisons sont alors possibles entre la séquence de la protéine d’intérêt et les séquences peptidiques de protéines allergisantes répertoriées dans une banque de données. Cette approche fondée sur l’analyse des homologies de séquences, permet d’éliminer certaines séquences à risque, mais ne garantit en aucun cas de l’innocuité de la molécule et ceci en raison : - du nombre limité de séquences présentes dans les banques allergènes - du fait que la fonction allergène peut être contenue dans la conformation tri dimensionnelle de la molécule. C’est le cas de la b -lactobumine qui est allergène mais pas répertorié comme un allergène dans sa séquence peptidique.

L’évaluation de l’allergénicité d’un aliment est d’autant plus délicate que le caractère allergène peut être conféré par plusieurs molécules. Lors de l’insertion d’un gène on pourrait alors voir apparaître l’expression d’un gène qui n’était pas actif dans l’organisme naturel et donc conférer un caractère allergène nouveau. A l’heure actuelle, il n’est pas possible de donner des résultats fiables sur le caractère allergène d’un aliment et donc de dire si les aliments issus d’organismes génétiquement modifiés sont plus allergènes que les aliments traditionnels correspondants. L’INRA préconise donc de nouvelles recherches sur l’impact des technologies modernes et sur l’apparition de nouvelles structures allergènes.

Les risques théoriques : Le transfert de gène de résistance aux antibiotiques aux microorganismes du tube digestif.

L’insertion de gène dans une cellule hôte nécessite le marquage du gène transféré par un gène de résistance antibiotique. Ces gènes de résistance se présentent sous une forme fractionnée et auraient peut être pour risque d’être transféré à un organisme de la flore intestinale. Certaines bactéries par transformation seraient capables d’intégrer le génome d’un autre organisme. Ce scénario semble être improbable, et n’a jamais été démontré.

Ces risques sont étudiés depuis près de 10 ans par :

  • la Commission d’étude de la dissémination des produits issus du Génie Bio Moléculaire (CBG). Cette instance a pour but, en amont des autorisations de mise sur le Marché, d’évaluer les risques des produits contenant des OGM, et a un rôle consultatif auprès des ministres,
  • la Commission du Génie Biologique (CGB) est placée auprès du ministre de l’environnement et de la santé, elle est chargée, elle aussi, d’évaluer les risques. Elle établit les classe de risques et se trouve consultée lors des demandes d’agrément pour toute utilisation d’OGM.

L’évaluation de la sécurité alimentaire des produits contenant des OGM repose sur les principes fixés dès le début des années 1980 par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), la FAO ( Food and Agriculture Organization) et l’OMS. La démarche est la suivante : les aliments déjà consommés sont considérés comme ayant sur la base d’une longue expérience, fait preuve de leur innocuité. Ils servent donc de références pour évaluer la salubrité des aliments nouveaux contenant des OGM ou issus d’OGM. La comparaison entre un aliment nouveau et un aliment traditionnellement consommé permet d’évaluer s’il y a ou non équivalence de substance (Voir chapitre réglementation européenne évaluation de la sécurité des aliments).




Tous droits réservés Carole CANTET, Catherine CHOSSAT, Boris COIMET, Laure ROBERT et Vincent TANDART, 1999
Dernière mise à jour le 07 mars 1999 19:29:31